Biggeh, renaissance d'un trésor oublié - Les secrets d’une fouille archéologique sur le Nil

L’île de Biggeh, souvent appelée “la petite Philae”, se situe au cœur de la région de la Première Cataracte, à Assouan.Cette île, d’une superficie d’environ 30 hectares, incarne un condensé exceptionnel d’histoire et de théologie ayant profondément marqué la région et, au-delà, l’histoire même de l’Égypte.

Biggeh partage avec Philae, plusieurs caractéristiques majeures :
- une absence totale de témoignages épigraphiques avant la Basse Époque (VIIᵉ siècle av. J.-C.) ;
- des références géographiques évoquant ce haut lieu sacré en lien avec la création et le commencement de la vie ;
- le mythe d’Isis et d’Osiris, dont la géographie sacrée se déploie entre Philae et l’Abaton de Biggeh ;
- une pérennité du patrimoine immatériel, avec une tradition religieuse et narrative qui a survécu jusqu’à l’époque arabe.

L’histoire moderne de l’île est étroitement liée à la campagne internationale de sauvetage des monuments nubiens, orchestrée dans les années 1960 par l’Unesco, en collaboration avec les gouvernements égyptien et soudanais.Bien que le temple de Biggeh ait été considéré à l’époque comme « en sécurité », c’est-à-dire hors de portée des eaux du barrage, il se trouve aujourd’hui submergé une grande partie de l’année.

La mission conjointe CNRS – Sorbonne Université – Cnr-Sapienza Università Roma - Istituto Papirologico “G. Vitelli” Firenze et le Conseil Suprême des Antiquités intervient désormais pour une archéologie préventive du site, un peu plus de cent ans après le dernier relevé épigraphique réalisé par A. Blackman, en 1914. Le directeur du Service des Antiquités, Gaston Maspero, avait alors lancé une vaste campagne d’étude en Nubie face à la menace que déjà le premier barrage faisait peser sur les monuments...