Le Sommet - Christoph Marthaler

Voilà trente ans que Christoph Marthaler est présent sur les plus grandes scènes européennes de théâtre et d’opéra. Il invente des histoires peuplées de personnages du quotidien, légèrement décalés, souvent peu adaptés au monde, aux prises avec des difficultés relationnelles et existentielles. Le regard qu’il porte sur ses héros les rend drôles et touchants. Les personnages font avec ce qu’ils ont, ils se révèlent tels qu’ils sont, loufoques et tendres, mélancoliques et cruels. Ses spectacles parlent tous de la même chose : la façon dont les humains s’organisent, bon an mal an.
Dans Le Sommet, les interprètes viennent de pays et de cultures européennes différentes et parlent différentes langues. Il n’est donc pas tout à fait certain qu’ils et elles se comprennent. Christoph Marthaler s’amuse avec le double sens du mot « sommet ». Car en anglais, en allemand, en italien comme en français, le sommet désigne à la fois une réunion importante et la cime d’une montagne. Avec ses complices Duri Bischoff à la scénographie et Malte Ubenauf à la dramaturgie, le metteur en scène emmène en expédition six interprètes, italiens, français, suisses, autrichiens et écossais, pour une rencontre au sommet. Le spectacle n’est pas véritablement le récit, ni même l’image de ces organisations politiques, mais c’est bien là son point de départ. Il nous parle de l’Europe, de cette idée de devoir chercher une unité, du commun dans la diversité, une manière de faire ensemble qui appartient à notre époque. C’est aussi le rêve éveillé d’une tour de Babel qui traverse la littérature et les arts, une tour dont le sommet toucherait le ciel. Mais il est possible que l’on découvre que les humains sont liés d’autres façons. Il est possible aussi que cela ne se voie que dans les silences et parfois les mélodies. Dans le théâtre de ce génial metteur en scène suisse, les humains chantent, s’égarent souvent et trouvent parfois ce qu’ils ne cherchaient pas. L’humour et la musique font le reste.